
Entre lutter contre les pirates et utiliser la toile
Rarement un sujet aura autant fait débat que celui de l’usage d’Internet. Alors que certains revendiquent le droit de tout faire grâce à cet outil si particulier, d’autres font la chasse aux pirates et souhaitent mettre des limites aux possibilités infinies qu’offre la toile. C’est le cas entre autres des musiciens, qui cherchent par tous les moyens à garder le contrôle de la consommation musicale sur Internet.
« Ce ne sont pas eux qui paieront l’école de mes enfants ! ». C’est ce qu’a affirmé le chanteur du groupe Placebo, Brian Molko, lorsqu’on l’a interrogé il y a quelques années sur la question des pirates de la toile.
Aujourd’hui il semblerait que le discours ait quelque peu changé et que la notion d’argent ait laissé la place à celle du respect de l’œuvre musicale. Le 22 juin dernier, 52 artistes de la scène musicale française ont signé un article paru dans Le Journal du Dimanche pour protester contre le téléchargement illégal. Cet article vient entre autres soutenir la loi « Création et Internet », censée lutter contre le piratage et sanctionner les abus. Il s’agit de la première réaction collective d’artistes français contre le téléchargement et pour la protection des droits d’auteur.
Mais un autre comportement fait surface au sein de la relation désormais étroite entretenue par Internet avec la musique. Le groupe Radiohead - qui n’a jamais exprimé d’avis négatif par rapport au téléchargement – a créé l’événement en octobre 2007 en mettant pour la première fois un album entier à disposition par téléchargement légal et payant. Il le proposait même à prix libre. Cette initiative n’a cependant pas été totalement couronnée de succès car l’album a été téléchargé de façon illégale 2,3 million de fois.
Une solution est aujourd’hui de plus en plus employée pour limiter les risques de téléchargement pirate. Tout comme Radiohead l’a fait avec son album, les grands labels de disques comme Virgin Records ou La Fnac mettent en téléchargement payant de nombreux titres. Les internautes trouvent donc depuis quelques années les œuvres musicales de leurs artistes préférés à un prix qui dépasse rarement 3 euros. Ce nouveau commerce de la musique commence à trouver son public, même si pour le moment le téléchargement illégal reste très clairement le plus utilisé.
Plus récemment, Alain Souchon, également cosignataire de l’article des 52, a utilisé une méthode similaire à Radiohead en recourant aussi à internet. Suite à un retard de production de son dernier album, il a mis en ligne le premier single sur son site internet. Contrairement à l’album du groupe anglo-saxon, ce titre est disponible gratuitement « Puisque de toute façon plus rien ne marche », selon l’artiste.
La question de l’accès de la musique sur Internet ne semble donc pas sur le point d’être réglée. Alors que la loi « Création et Internet » n’a pas encore été acceptée, les préoccupations quant au respect des droits d’auteur sont plus que jamais d’actualité. Espérons que les débuts de la collaboration entre artistes et téléchargement ouvriront de nouvelles perspectives dans l’utilisation d’Internet, dans le respect du travail d’autrui. Notons aussi pour finir que de plus en plus de jeunes musiciens se font connaître par le biais d’Internet, ce qui montre aussi aux artistes que ce n’est pas un outil à diaboliser mais qui peut également ouvrir des portes et démarrer des carrières.
Violaine JAUFFRET
sources:
- nouvel obs, Inconnu, Téléchargement illégal, Appel de 52 artistes en faveur du projet de loi, le 24 juin 2008
- génération nouvelles technologies, Jérôme G., Radiohead: les internautes préfèrent-ils l'illégal au gratuit?, le4 août 2008
- écrans, Astrid Girardeau, Radiohead : Le téléchargement illégal toujours devant, le 5 août 2008
- viva musica, Frédéric Neff, Alain Souchon à la sauce web, le 8 octobre 2008
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