vendredi 13 mars 2009

Crise de l'industrie du disque



Le disque est rayé



Le disque compact est dépassé. A l’ère du numérique, le CD, armé de ses 10 à 20 titres, a de quoi faire sourire l’infini d’Internet et ses possibilités. D’abord défendu bec et ongles par les labels face au fléau du téléchargement illégal, son avenir semble désormais compromis.

Banal, onéreux et de plus en plus concurrencé. Les horizons du disque compact sont aujourd’hui assombris par la multiplication des supports musicaux. Depuis 1999, les ventes n’ont cessé de chuter : en France, elles ont encore baissé de 15% en 2008. A l’aube de 2009 un constat s’impose : le CD ne séduit plus. Des prix excessifs pour une qualité relativement médiocre, sans oublier la concurrence croissante d’Internet pourraient bien sonner le glas d’un support dont les beaux jours sont à présent derrière lui.

Les labels, et notamment les quatre majors – Universal Music, EMI, Warner Music et Sony-BMG -, auront pourtant longtemps défendu les intérêts de celui qui grossissait grandement leur chiffre d’affaire il y a quelques années encore. Tous les doigts restent pointés sur le téléchargement illégal, perçu comme responsable absolu de la crise de l’industrie musicale. Entre procès et repli sur leurs déficiences structurelles, les maisons de disque n’ont pas su réagir rapidement face au raz-de-marée Internet. La toile a libéralisé l’accès à tous les contenus, en particulier culturels, dans une jungle ou l’on peine à distinguer le légal de l’illégal. A tel point que toute tentative de répression des fraudes a échoué.

Aujourd’hui, les producteurs se résignent à travailler main dans la main avec le web. La vente en ligne ne cesse de croître de même que celle des disques s’effondre. La première ne compense pas la seconde, mais l’exploration des nouvelles possibilités pourrait lentement porter ses fruits. Les contrats fleurissent entre sites Internet et labels, majeurs comme indépendants. Certaines maisons s’obstinent toujours à contrôler toutes les activités des artistes qu’elles produisent, mais s’ouvrent à la toile en proposant par exemple leur catalogue sur des sites d’écoute gratuite et de téléchargement légal. La transition vers l’ère du numérique s’opère lentement.

Dans cette perspective, l’industrie musicale britannique a connu un petit miracle en 2008. Une baisse des ventes de 3,2% seulement, due à l’explosion de l’achat de musique en ligne. Dans le contexte mondial actuel, ces chiffres font figure d’exception. Désormais, au Royaume-Uni, un album sur treize est vendu sur Internet, et le commerce du single a pris un essor considérable. Au total, 115 millions de titres ont été téléchargés légalement l’an dernier. Ceci cependant, au détriment du support CD. Ces résultats, inédits et encourageants pour l’industrie du disque britannique, pourraient servir d’exemple, particulièrement en ces temps de crise.

Si l’heure a donc sonné pour le disque compact, l’industrie musicale ne manque pas de ressources. Les labels tendent à s’adapter à l’aspect immatériel de la musique en ligne, et la toile tisse lentement son lien avec la culture. La législation devrait apporter prochainement sa pierre à l’édifice avec le projet de loi « Création et Internet », qui vise notamment à remettre de l’ordre dans les méthodes de téléchargement. Une perspective qui devrait mettre un peu plus en sourdine les craintes des producteurs quant à la fraude et booster les innovations. L’ère du numérique s’installe pour de bon. Il est temps de changer de disque.


Clémence HOURIEZ



Sources:



  • Site de Libération, Jérôme Roger et Francis Dreyfus, "L'urgence de réguler Internet", in liberation.fr, 9 mars 2009.

  • Site de Libération, tchat avec Christine Alix (journaliste de Libération), "L'avenir de la musique à l'ère numérique apparaît un peu plus clair", in liberation.fr, 23 janvier 2009.

  • Site de Libération, Jean-Hébert Armengaud, "Le disque britannique retrace le sillon", in liberation.fr, 17 janvier 2009.

  • Site Evene, Mathieu Menossi, "Crise ou révolution ? L'industrie musicale", in evene.fr, octobre 2008.

  • Site Rue89, Clotilde Monteiro, "En crise, l'industrie du disque opte pour la méthode Coué", in rue89.fr, 1er février 2008.

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